Dans un contexte global marqué par des tensions géopolitiques croissantes et des transformations économiques rapides, la question de la sécurité économique s’impose comme une priorité pour la France. Lors d’une récente interview accordée à Les Échos, Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, a mis en lumière les défis auxquels la France fait face pour protéger ses intérêts économiques tout en maintenant son attractivité ouverte aux investissements étrangers. La notion de sécurité économique prend une importance grandissante, alors que la mondialisation, longtemps perçue comme une opportunité, révèle également des vulnérabilités stratégiques.
« La thématique de la sécurité économique doit être équilibrée entre l’attractivité et la protection,
elle doit faire l’objet d’un consensus national. »
Un équilibre délicat entre ouverture et protection
À travers un rapport remis au président de la République, Geoffroy Roux de Bézieux dresse une liste des nouvelles menaces.
« Il y avait les affaires d’espionnage traditionnelles par moyens humains, mais il faut désormais rajouter les attaques sur les données, celles sur la détention du capital, l’instrumentalisation du droit (lawfare), les menaces réputationnelles ou encore la fragilité des chaînes de valeur. »
Pour la France, l’enjeu est clair : rester attractive pour les investisseurs internationaux tout en renforçant ses mécanismes de protection dans les secteurs vitaux. Geoffroy Roux de Bézieux soutient qu’il est vital de maintenir un équilibre entre « Choose France » et « Protect France », entre des initiatives qui visent à encourager les investissements étrangers et des politiques de protection nationale.
Mondialisation : de l’opportunité à la vulnérabilité
Si la mondialisation a permis à de nombreux pays, dont la France, de profiter des échanges commerciaux mondiaux, elle a aussi exposé les marchés et économies nationales à de nouvelles vulnérabilités. « La mondialisation n’est plus uniquement une opportunité, elle est aussi source de fragilités », avertit Geoffroy Roux de Bézieux. Dans ce contexte, l’implication de l’Europe progresse dans une approche commune. Alors que la France et les pays anglo-saxons sont plutôt à un bon niveau de sécurisation, il s’agit de renforcer les instruments de protection économique et partager les meilleures pratiques, qui ne sont pas celles de tous les pays.
Sécurité économique : un défi partagé entre État et entreprises
Longtemps vue comme un domaine réservé à l’État, la question de la sécurité économique inclut désormais un volet de plus en plus important pour les entreprises françaises. Geoffroy Roux de Bézieux met en garde contre une hétérogénéité du niveau de prise de conscience et de protection des entreprises française avec parfois des points de faiblesse surprenants. Il souligne la nécessité d’une régulation intelligente qui n’entrave pas l’ouverture de la France tout en évitant des risques potentiels, notamment dans des secteurs sensibles comme l’énergie, la défense, les infrastructures critiques ou encore les technologies de pointe.
« Il faut bien plus sensibiliser les entreprises aux menaces», estime Geoffroy Roux de Bézieux. Selon lui, il est impératif que les entreprises françaises, grandes comme petites, se dotent de mécanismes de défense et acquière des réflexes primordiaux afin de limiter leurs vulnérabilités.
Un enjeu de souveraineté économique
Au cœur de ces préoccupations, la sécurité économique est aujourd’hui perçue comme un enjeu de souveraineté nationale. Il ne s’agit plus seulement de questions économiques, mais également d’un défi stratégique. La France, en tant que cinquième puissance mondiale, doit se doter des moyens nécessaires pour protéger ses actifs les plus précieux face à un environnement international de plus en plus concurrentiel et imprévisible.
En conclusion, la sécurité économique est un sujet d’actualité brûlant, au centre des réflexions politiques et économiques. Dans un monde en pleine mutation, marqué par des tensions croissantes, la France et ses entreprises doivent naviguer avec précaution entre ouverture au monde et préservation de ses intérêts vitaux. Une tâche complexe, mais essentielle pour assurer sa place dans le concert des grandes nations.
ℹ️ Source : Geoffroy Roux de Bézieux : « Le rôle de l’Etat est de trouver le bon équilibre entre ‘Choose France’ et ‘Protect France' »
[Par Renaud Honoré, Anne Drif] | [Publié le 27/29/2024 sur LesEchos]